En 2021, le SIHP et le SRP-IMG publiaient “l’étude logement” conduite sur 600 internes et dont les résultats révélaient la précarité du statut d’interne en matière d’accès au logement.
Ainsi, le loyer (790 euros en moyenne) absorbait 46% du salaire mensuel de début d’internat (post-Ségur) tandis que 34% des internes recouraient à une aide financière familiale pour régler leur loyer. Par ailleurs, 25% des répondants déclaraient manquer d’un garant solvable pour appuyer leur dossier de location, leur interdisant l’accès au parc privé.
Ces difficultés d’accès au logement ne sont pas sans conséquences sur la santé des internes. La pression du prix des loyers les repousse en périphérie et prolonge leur trajet quotidien qui se surajoute à une moyenne de travail hebdomadaire de 58h (contre 48h de maximum réglementaire). Le besoin impératif de se loger conduit les internes à prioriser l’accès au logement “à tout prix” au détriment de sa décence et au risque d’un isolement social. Ainsi, la question du logement constitue un déterminant majeur de la santé physique et mentale des internes dont 27% affirment présenter des symptômes dépressifs et 23% des idées suicidaires.
Or, si l’interne perçoit un salaire décorrélé de son niveau de formation et de son utilité sociale, c’est que l'hôpital est tenu de lui faire bénéficier “du logement, de la nourriture, du chauffage et de l'éclairage" (article R. 6153-10 du code de la santé publique). Dans le cas contraire, il doit percevoir une indemnité compensatrice, laquelle s’élève à … 84€ par mois.
Pourtant, les internes sont des acteurs indispensables à la prise en charge et à la continuité des soins puisqu’ils composent 40% du personnel médical de structures telles que l’APHP et assument une part conséquente du travail médical des établissements (plus de 80% des prescriptions à l’hôpital sont rédigées par des internes).
Depuis de trop nombreuses années, les hôpitaux profitent d’une main-d'œuvre à bas coût pour faire tourner leurs services et n’assument plus l’obligation qui leur incombe de compenser l’indigent salaire des internes par l’hospitalité.
La situation n’est plus acceptable !
Nous exigeons que des mesures soient prises sur le champ pour que les hôpitaux se saisissent de leur responsabilité en fournissant aux internes des logements décents !
Le SIHP et le SRP-IMG exigent et oeuvrent pour :
L’attribution sur critère social et à bas coût (environ 300€) de 500 logements du parc privé pour les jeunes internes en Île-de-France d’ici la fin 2023 ;
Ces 500 logements seront constitués, d’une part, de logements du parc privé des hôpitaux mis à disposition des internes. Nous allons commencer une première expérimentation dès mai 2022 pour 12 places de logement.
D’autre part, d’immeubles construits directement par les syndicats d’internes via notre partenaire. Sont actuellement en projet un internat à côté du nouvel hôpital Nord, un internat à Créteil et un à Poissy.
La création d’un cautionnement solidaire institutionnel (“garant locatif”) permettant à tous les internes de présenter un dossier de location en bénéficiant d’une caution solide sans avoir à solliciter leurs parents:
Ce dispositif constitue une extension de la garantie VISALE à destination des internes et devrait voir le jour dans les mois à venir.
La rénovation d’internats hospitaliers de qualité, choisis pour leur situation stratégique, afin d’accueillir les internes pendant un semestre et leur permettre de nouer des liens;
Cette mesure est en cours d’étude afin de sélectionner les internats pertinents pour regrouper le maximum d’internes.
Enfin, nous sommes déterminés à ce que les hôpitaux prennent leurs responsabilités en matière de logements et nous conditionnerons le maintien d’internes dans certains hôpitaux au degré d’investissement de ces-derniers sur la question du logement des internes, notamment en participant aux dispositifs cités ci-avant.